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10 novembre 2020 Employeur

En cette période de crise, qu’attendent les entreprises des cabinets d’avocats ?

L’épidémie de Covid-19 a fortement affecté l’activité juridique et judiciaire. Au-delà des difficultés économiques, elle a accru l’importance de tendances sous-jacentes, antérieures à la crise, comme la nécessité de digitaliser les modes de travail. Olivier Bélondrade, vice-président du Cercle Montesquieu*, nous livre ses analyses.

Quels sont les sujets ou projets qui sont maintenus pendant le confinement ?

Le droit social est une source importante de préoccupation, notamment en matière de sécurité des salariés. La gestion du risque contentieux est tout aussi clé : conditions de la force majeure, gestion de la relation contractuelle, recrudescence des entreprises en difficulté… Il faut gérer de nombreux dossiers. Autre point : avec l’épidémie, de nombreuses règles nouvelles ont été adoptées et ont dû être intégrées et mises en œuvre en urgence.

Quels sont les points clés pour s’adapter ?

Les cabinets qui traversent le mieux cette épreuve sont ceux qui sont les plus digitalisés. Ils peuvent ainsi gérer le confinement en douceur et assurer la continuité de leur activité. Notre conviction, au sein du Cercle, est que la transformation digitale de la fonction juridique est indispensable et que les avocats ont un rôle majeur à jouer. Ils connaissent les besoins de leurs clients, ont le savoir-faire technique et toute la légitimité pour ce faire. À compétences égales, les directions juridiques favorisent désormais les « offres digitalisées », qui incluent des outils comme des plateformes d’échanges ou des solutions numériques de gestion de la relation contractuelle.

Quels vont être les besoins des entreprises dans les prochains mois ?

La sortie de crise va sans doute s’accompagner d’un accroissement des contraintes réglementaires et des litiges. Le besoin en conseil juridique va donc être important. Mais les entreprises attendent plus de la relation avec leur avocat. Elles attendent de lui qu’il soit un partenaire dans la construction de solutions globales. Les entreprises veulent une réponse unique qui intègre l’ensemble des aspects juridiques soulevés par la question. Certains cabinets l’ont déjà compris et ont créé des « task forces » spéciales Covid-19, regroupant des spécialités variées et complémentaires, afin de fournir une analyse globale et intégrée. Directeurs juridiques et avocats sont les maillons d’une même chaîne de valeur : travailler ensemble, de manière transverse, est l’avenir.

Cette crise va-t-elle donc accélérer la transformation du métier d’avocat ?

C’est certain ! Le cabinet de demain sera digitalisé, transversal et s’inscrira dans une gestion dynamique du risque, juridique bien entendu, mais aussi de conformité et de réputation. De nouvelles problématiques transversales vont se renforcer, à l’instar de la protection des données personnelles. Les questions juridiques deviennent de plus en plus pointues : se spécialiser, à titre individuel, paraît incontournable, tout en s’intégrant dans un réseau de compétences additionnelles afin d’apporter une réponse globale et intégrée.

Lire VOX #8

* Le Cercle Montesquieu est l’association des directeurs juridiques en France. Elle regroupe aussi bien des directeurs juridiques de sociétés du CAC 40 que ceux de PME ou d’ETI, et est active sur tout le territoire national.