Les violences conjugales : connaître et comprendre
Une femme sur 10 est victime de violences conjugales (enquête ENVEFF, 2001) et une femme décède tous les 3 jours sous les coups de son compagnon (étude de la Délégation aux Victimes – Ministère de l’Intérieur, 2013). Les violences faites aux femmes sont un phénomène universel. Elles touchent toutes les femmes quel que soit leur âge, leur milieu social, leur religion ou encore leur lieu de vie (HCE, Rapport annuel 2023 sur l’état des lieux du sexisme en France).
La violence conjugale est un fléau social, un problème de société que les pouvoirs publics doivent prendre en compte. La violence conjugale n’est pas seulement physique et/ou sexuelle, elle peut être morale, verbale, psychologique et/ou économique.
Les différentes formes de violences
Il existe de nombreuses formes de violence :
- La violence verbale peut s’entendre. Certains hommes violents élèvent le ton pour intimider leurs compagnes ou au contraire prendront une voix plus suave ou encore garderont leur timbre habituel mais injuriera, menacera leur compagne.
- La violence psychologique : s’exprime par des intimidations, humiliations, dévalorisations, chantages affectifs, interdiction de fréquenter des amis, la famille, injures, cris, menaces sur elle ou sur les enfants…Progressivement la victime perd confiance en elle-même en ses possibilités. Elle s’isole, s’enferme dans sa honte, n’ose plus prendre d’initiative. Cette violence peut conduire à la dépression, à l’alcoolisme, au suicide.
- La violence physique : bousculades, morsures, coups avec ou sans objet, brûlures, strangulations, utilisation de la machette, violence matérielle (briser, lancer des objets…).
- La violence sexuelle : agressions sexuelles, viols, pratiques imposées, inceste…C’est la plus cachée. La personne violente oblige sa compagne à avoir des rapports sexuels malgré elle, Les victimes ont beaucoup de mal à en parler parce qu’elles restent associées aux obligations du mariage et devoir conjugal.
- La violence économique : contrôle des dépenses, des moyens de paiement, interdiction de travailler…, cette violence aura pour objet de déposséder la victime de toute possibilité d’autonomie financière.
- La Violence Administrative : confiscation de documents (pièce d’identité, carte vitale, passeport, livret de famille, carnet de santé, diplôme…)
- Sur la parentalité (dévalorisation de son rôle de mère…).
Pour continuer à exercer un contrôle sur la vie de la femme victime, l’agresseur peut utiliser les outils et logiciels numériques (contacts répétés imposés à la victime via des messages – mise en ligne sans accord de photos ou vidéos intimes ou menace de le faire, – contrôle et/ ou piratage du téléphone portable, de compte internet, des réseaux sociaux, des comptes bancaires et autres comptes administratifs).
On parle alors de cyber-violences.
La différence entre conflits et violences au sein d’un couple
Afin de comprendre les situations de violence conjugale, il est indispensable de savoir différencier les conflits de couple et les situations de violences au sein du couple.
Les violences diffèrent des disputes ou conflits conjugaux, dans lesquels deux points de vue s’opposent dans un rapport d’égalité. Chacun garde son autonomie.
Les violences au sein du couple se définissent comme des situations où les faits de violences sont à la fois récurrents, souvent cumulatifs, s’aggravent et s’accélèrent. Les violences peuvent être commises pendant la relation au moment de la rupture ou après cette relation.
Le cycle de la violence
D’une façon générale, les violences au sein du couple se manifestent par cycle, ce qui redonne espoir à la victime.
Ce cycle, mis en place et orchestré par l’agresseur, lui permet d’instaurer et de maintenir sa domination sur sa conjointe.
En fonction de la phase dans laquelle se trouve la victime, elle sera plus ou moins réceptive aux préconisations du professionnel.
Dans une relation conjugale marquée par la violence, ce cycle se répète plusieurs fois et s’accélère avec le temps :
- Climat de tension
- Agression
- Justification
- Rémission
Ce que dit la loi
Les violences verbales, physiques, psychologiques, sexuelles commises par un conjoint, concubin ou partenaire lié par le PACS actuel ou ex sont interdites et punies sévèrement par la loi. En effet, le législateur considère que ce type de faits ne peut être considéré comme des violences ordinaires en raison du lien affectif entre l’auteur et la victime. Peu importe que le lien conjugal soit présent ou passé, qu’ils cohabitent ou non.
Il a ainsi pris en compte l’absolue nécessité de prévenir les violences commises au sein du couple en faisant de ce lien affectif une circonstance aggravante de nombreuses infractions, notamment pour : homicide, actes de tortures et de barbarie, violences, viol et autres agressions sexuelles.
Selon les infractions, les peines encourues peuvent être considéré comme délit ou crime.
Que faut-il faire dans cette situation ?
La Fédération Nationale Solidarité Femmes vous conseille :
- Appeler le 3919. Le 3919 est le numéro national de référence d’écoute téléphonique (anonyme et gratuit, 24h/24 et 7j/7) et d’orientation à destination des femmes victimes de violences (en particulier des violences conjugales), à leur entourage et aux professionnel·les concerné·es.
- Imaginez un scénario de protection.
- Rassemblez les documents essentiels : papiers officiels, documents importants, les éléments de preuve).
- Faites établir des certificats médicaux.
- Rassemblez les témoignages.
Cet article a été rédigé par KERIALIS, en collaboration avec notre partenaire la Fédération nationale Solidarité Femmes.
La Fédération nationale Solidarité Femmes est un réseau de 81 associations qui partout en France accueillent, accompagnent et hébergent les femmes victimes de violences et leurs enfants.